|
Il n’est pas exagéré de dire que le prix Israël, décerné chaque année
par un jury Israélien au niveau national et remis par le président de
l’Etat et le premier ministre , représente la distinction la plus haute
d’Israël, équivalent local du prix Nobel à l’échelle internationale.
Cette année, c’est un chercheur bien connu en France, Moshé Idel, qui
en a été honoré. Spécialiste de la mystique juive, son œuvre abondante
a été traduite dans de nombreuses langues, dont le français (son œuvre
majeure, La cabale, nouvelles perspectives a été publiée récemment aux
éditions du Cerf). Né en Roumanie en 1947, il émigre avec sa famille en
Israël à l’âge de seize ans. Après une thèse remarquée sur le mystique
et prophète judéo-espagnol Abraham Aboulafia, il entreprend une
révision systématique des grands thèmes de Gershom Scholem et
révolutionne l’histoire et l’étude de ce domaine si controversé des
études juives. Son dernier ouvrage, consacré au messianisme, renouvelle
entièrement l’approche de ce phénomène complexe si important. Moshé
Idel a abordé la plupart des problématiques liées au mysticisme et il a
étudié l’ensemble des époques où s’est développée la mystique juive
avec une étonnante fécondité et une rare capacité à apporter des
éclairages nouveaux. Malgré quelques polémiques que ses travaux avaient
suscitées de la part des tenants de l’école scholémienne, son œuvre est
reconnue actuellement comme l’un des pivots des études contemporaines
du judaïsme. Auteur d’une dizaine d’ouvrages et de plus de trois cents
articles, c’est le chercheur le plus novateur de sa génération que le
prix Israël va couronner, prix qui compte parmi ses derniers lauréats
Joseph Dan et Isayahu Leibovitch. Moshé Idel devient ainsi l’un des
plus jeunes lauréats de la prestigieuse distinction, qui, par delà sa
personne, reconnaît l’importance de l’étude de la mystique juive,
domaine naguère si délaissé et enfin promu au premier rang de la
reconnaissance publique.
A Paris, 7 02 1999
|
|