Par Charles Mopsik
Né à Medinaceli en Castille, il vécut longtemps à Ségovie. D'abord
disciple d'Abraham Aboulafia, le chef de file de l'école de kabbale extatique
et de mystique philosophique, il s'attacha ensuite à la kabbale théosophique ou
kabbale des sefirot dont il devint un des représentants médiévaux les plus
estimés. Une partie de son oeuvre hébraïque a été traduite en latin.
Le jardin du noyer (Ginat
Egoz) 1274
Introduction à la pensée du langage et au symbolisme des noms
divins, cet ouvrage établit un lien entre la philosophie de Maïmonide et la
mystique des lettres et des nombres du Sefer Yetsira. Un des buts de
l'auteur est de montrer qu'il existe une alternative prometteuse à la domination
de l'aristotélisme maïmonidien sur la tradition révélée. Le premier doit être
reçu de manière critique et doit être subordonné à l'enseignement de la
seconde. A la fois oeuvre théorique visant la reconquête théologique du terrain
intellectuel occupé par la philosophie dominante et somme de mystique
linguistique héritée essentiellement d'Abraham Aboulafia, ce livre a pu être,
paradoxalement, à l'origine de l'expression célèbre de Spinoza, deus sive
natura, à cause de l'équivalence numérique (gématrie) d'Elohim
(Dieu) = ha-Téva' (la nature).
Les portes de la lumières (Cha'aré
Ora) 1293
Empruntant quelques éléments de base au néoplatonisme, la source
principale de ce livre est l'école de kabbale géronaise, telle qu'elle a été
assumée par l'école de kabbale castillane. Véritable manuel de kabbale
théosophique, cet ouvrage veut initier à la lecture symbolique des versets
bibliques qui sont pris comme renvoyant, chacun, à un aspect particulier de la
vie intérieure de la divinité. Tous les mots, noms communs ou noms propres des
Ecritures, sont considérés comme étant formés du Tétragramme (YHVH), et
constituent le tissu textuel du Nom divin par excellence, décrivant en un récit
cryptique qui doit être déchiffré à travers la narration extérieure, les
fonctions intimes du cosmos divin dans ses relations avec le monde des anges et
le monde humain. Les thèmes traités sont les questions classiques de la pensée
religieuse juive : théodiciée, eschatologie, exégèse biblique, prophétisme,
culte et destinée d'Israël.
* Ginat Egoz, Hanau,
1615 ; éd. critique, Jérusalem, 1989 ; Cha'aré Ora, 1559, Varsovie,
1883, n.éd. Ben Chlomo, 2 vols., Jérusalem, 1970, trad. latine par Paulus
Riccius, Portae Lucis, Augsburg, 1516 ; Cha'aré Tsedeq, 1559,
rééd. Jérusalem, 1967 ; Cha'ar ha-Niqoud, 1601 ; Sodot, dans No'am
Elimelekh, Lvov, 1817 ; Sod Youd-Guimel Middot, dans Scholem, Kitvé
Yad ba-Kabbalah, Jérusalem, 1930.
* A. Altmann, Kiryat Sefer, 40, 1965 ; S.
Blickstein, Between Philosophy and Mysticism : A Study of the
Philosophical-Qabbalistic Writings of Joseph Giqatila, thèse doctorale,
Jewish Theological Seminary, 1983 ; A. Farber, "Haqdamat Giqatila le-Sefer
Ginat Egoz", Jerusalem Studies in Jewish Thought, 1, 1981 ; idem,
"Iqvotav chel Sefer ha-Zohar be-Kitvé R. Yosef Giqatila", Alei
Sefer 9, 1981 ; E. Gottlieb, Tarbiz 39, 1970 ; idem, Mehqarim
be-Sifrout ha-Qabbalah, Tel Aviv, 1976 ; M. Idel, Maïmonide et la
mystique juive, Paris, Le Cerf, 1991 ; C. Mopsik, Lettre sur la sainteté,
Lagrasse, Verdier, 1986 ; S. Sachs, Ha-Yonah, 1850 ; G. Scholem, in Sefer ha-Yovel le-Ya'akov
Freimann, 1937 ; G. Weiler, Hebrew Union College, 37, 1966.
Maïmonide, Aboulafia, Moïse de
Léon, Cordovéro - II : Judaïsme, Kabbale, Zohar.
Charles Mopsik