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QUELQUES EXEGESES CABALISTIQUES
MEDIEVALES DE GENESE 2:24


 




Par Charles Mopsik, 1998

Pour un aperçu « classique », écrit par l’un des tout premiers cabalistes, qui était aussi et surtout un grand décisionnaire rabbinique vivant à Narbonne au XIIe siècle, lire le texte de R. Abraham ben David de Posquière, introduction au Ba’aley ha-Nefech traduit dans mon article publié dans le livre en hommage à Annie Kriegel. Deuxième texte de R. Salomon ben Abraham Adret non publié dans cet article. En bref, la « chair une » fait référence au fait que seul le couple humain est stable et vraiment uni, à l’opposé des couples d’animaux.

Plan de l’âme humaine réunifiée
Texte important de R. Joseph Gikatila  (1248-1325) dans le Mariage de David et Bethsabée. La reconstitution par le mariage et l’union charnelle de l’âme de homme avant sa venue sur terre et sa séparation en deux parties séparées est évoquée par le verset de Genèse 2 :24. « un » divin et « un » du couple. Voir les pages  51, 54, 56. Parce que le juste unifie les deux aspects masculin et féminin de la divinités, les sefirot Yessod et Malkhout, il mérite d’épouser la femme qui lui était destinée avant sa venue en ce monde et de retrouver pour lui-même l’unité originelle de son âme : au « un » divin correspond donc le « un » de la chair constitué par le « mariage ». [Le mot mariage est employé ici pour faire vite, il y aurait lieu de voir les choses de plus près, il ne s’agit pas de l’institution du mariage, mais de la vie commune et surtout de l’accouplement.]

Plan du système des sefirot (le monde divin des dix émanations) réunifiée
I Par le don de la Torah à Moïse sur le Sinaï.
Tiqouney ha-Zohar 58, fol. 92a
« Lorsque Moïse descendit la Torah à Israël [...] en ce temps-là où Elle [la Chekhinah] se débarrasse de ses vêtements, Elle s’unit à son Epoux en un contact charnel (qarov bisra), c’est ce qui est écrit : « Os de mes os et chair de ma chair, celle-ci sera appelée femme car c’est d’un homme qu’elle a été prise, celle-ci, et c’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme et ils sont une seule chair » (ibidem 2:23-24), puisque l’habitude est que mâle et femelle s’unissent en un contact charnel. Il s’agit là de l’adhésion (divouqa) de l’union d’en haut pour qu’il n’y ai rien qui s’interpose. C’est que les maîtres de la Michnah ont enseigné : lorsque l’homme prie et unie le Saint béni soit-il à sa Chekhinah, il faut que rien ne s’interpose entre lui et le mur - Sa Chekhinah [...] pour qu’il ne se forme pas de séparation entre le Saint béni soit-il et Sa Chekhinah, c’est le secret du verset : « Tous deux étaient nus, l’homme et sa femme » (ibidem 25) « nus » en un contact charnel sans aucun vêtement, et du temps où le Saint béni soit-il et Sa Chekhinah sont ensemble sans aucun vêtement, il est dit : « Ton maître ne se tiendra plus à l’écart et tes yeux verront ton maître » (Isaïe 30:20). »
Les « vêtements » qui font obstacle à l’union totale du Saint béni soit-il et de la Chekhinah ainsi qu’à la contemplation directe du Maître, ce sont les multiples surnoms divins qui enveloppent le tétagramme, le Nom de Dieu par excellence, et qui font obstacle à sa révélation intégrale et immédiate. Ce texte du TQ a fait des emprunts à Joseph Gikatila, Cha’arey Orah, 49a-b.

Tiqouney Zohar 67, fol. 98a :
Unité par les pratiques rituelles :

« Quand l’homme doit unir le Saint béni soit-il à Sa Chekhinah [lors des prières], il faut qu’il se défasse de toutes les pensées qui sont des coquilles sur lesquelles il est dit : « Nombreuses sont les pensées dans le cœur de l’homme » (Proverbes 19:21) et il lui faut élever Sa Chekhinah auprès de Lui par une pensée une (ou concentrée), comme il est écrit : « Mais c’est le dessein de YHVH [la pensée qui se concentre sur le tétragramme seul] qui se réalise » (ibidem), à la manière de l’homme qui s’unit à sa compagne en ôtant ses vêtements afin d’être un avec elle, c’est ce qui est marqué : « Et ils sont une seule chair » (Gen. 2:24), de la même façon il faut ôter de soi toutes les autres pensées au moment où l’on unit le Saint béni soit-il [à sa Chekhinah] deux fois par jour [en récitant] : « Ecoute Israël, YHVH notre Dieu, YHVH est un » (Deut. 6:4).

Evocation des sacrifices
Tiqouney Zohar, Tiqoun 69, fol. 106b-107a.

« .... lorsque YHVH sera comme il convient, chaque lettre étant avec sa voisine, comme il est écrit : « Os de mes os et chair de ma chair, celle-ci sera appelée femme car c’est d’un homme qu’elle a été prise, et c’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère » (ibidem 2:23-24), « son père » c’est la [sefira] Sagesse [Hokhmah], « sa mère » c’est [la sefira] Intelligence [Binah], comme il est écrit : « L’intelligence tu l’appelleras mère » (Pro. 00:00). « Et (vav) s’attache à sa femme » (Genèse 2:24) : ce Vav c’est le Fils. Et après qu’il s’est attaché à « sa femme » qui est Hé, « ils sont une seule chair » (ibidem). Et c’est cela le sacrifice qui monte et descend. Le sacrifice (qorban) c’est le mise en contact (qerivou) des lettres car par lui se le yod s’approche du hé, le vav du hé [final du tétragramme], et pour cette raison « Sacrifice pour YHVH » (Lév. 1:2), car la Femme s’est approchée de l’Epoux, comme il est écrit : « Un homme (Adam) parmi vous qui approchera un sacrifice à YHVH » (ibidem) ; qu’est-ce que « un homme » ? C’est Yod Hé Vav Hé, qui est l’approche des lettres, et qui s’approche en direction des lettres ? C’est la Cause de toutes les causes. »

Plan de l’union mystique de l’homme avec Dieu
Voir texte de Isaac d’Acre (union mystique) et la glose de R. Hayyim Vital.



 

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