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PETITE ENCYCLOPEDIE
DE CHARLES MOPSIK


 



TALMUD [Talmoud]. Corpus religieux du judaïsme rabbinique (IIe-VIIIe siècle). Il en existe deux versions : un Talmud dit de Jérusalem (TJ) et un Talmud dit de Babylone (TB), tous doux écrits en hébreu et surtout en araméen. Ce dernier, le plus complet, comprend un commentaire de la Michnah (Répétition, code religieux légal de R. Judah Hanassi, vers 200). Ce commentaire appelé Guemara (Etude) réparti en 36 traités. Ces traités comprennent en général des sur commentaires rédigés au Moyen Age par des rabbins français (commentaire de Rachi, des Tossaphistes, etc.). Le Talmud contient des discussions sur la halakhah (droit religieux, droit civil, droit pénal et ses procédures) et des modules narratifs appelés aggada (légendes, récits édifiants ou historiques, exégèse biblique, spéculations cosmologiques et angélologiques, etc.). La masse littéraire que l'ensemble constitue est considérable. Le Talmud a été longtemps incompris et méprisé en Occident. Il fut la cible de l'antijudaïsme chrétien, tant et si bien que, le 6 juin 1242, vingt-quatre charretées de manuscrits du Talmud furent brûlées en Place de Grève, aujourd'hui Place de l'Hôtel de Ville, à Paris. Cette animosité envers le recueil le plus important des traditions rabbiniques anciennes, empêcha longtemps son étude objective. De nos jours, il apparaît de plus en plus comme une oeuvre littéraire polymorphe de grande envergure et d'une valeur historique appréciable.

Historiquement, il nous renseigne sur la vie des communautés juives de Babylonie et de Palestine à la fin de l'Antiquité ainsi que sur leur environnement persan et byzantin. Sous l'angle de l'histoire des religions, il nous rapporte une foule de croyances, de pratiques, de représentations du monde qui étaient celles du judaïsme postbiblique. Dans une perspective philologique et linguistique, il témoigne de l'état des parlers judéo-araméens, du vocabulaire et des expressions idiomatiques propres à la Babylonie (Iran-Irak actuel) et à la Palestine (Israël-Jordanie actuels) de l'Antiquité tardive. Il est difficile de dégager de ce corpus une doctrine religieuse unique et cohérente. Beaucoup de ses pages transcrivent des discussions et des controverses entre Tanaïm (docteurs de la Loi entre le Ie et le IIe siècle) et entre Amoraïm (docteurs de la Loi entre le IIIe et le VIIe siècle). Ces discussions, parfois très vives, ont trait aussi bien à l'interprétation des textes de la Loi (Torah), qu'à des questions relatives au Messie et à la fin des temps, à la Résurrection, à l'origine et à la nature du mal et du mauvais penchant, aux devoirs entre parents et enfants et à d'innombrables sujets touchant tous les aspects de la vie personnelle et collective. Il n'est cependant pas trop aventureux de dire que l'idéologie religieuse globale des corpus du Talmud tient dans la place éminente accordée à la pratique cultuelle. Après la destruction du Temple de Jérusalem en 70 par les armées romaines et la cessation du culte national, le judaïsme rabbinique s'est efforcé de le ressusciter sous une nouvelle forme à l'intérieur de la société juive, dans les familles et les Synagogues locales. Cette réimplantation du culte du Temple en dehors de ses limites, à travers des rites et des fêtes collectives, des prières et des récitations publiques remémorant inlassablement le culte sacerdotal devenu un modèle idéal de vie religieuse désormais accessible à tous, a permis la pérennisation des principaux rites du judaïsme antique fidèle à la Loi du prophète Moïse et du grand prêtre Aaron, sans qu'il y ait de véritable rupture et bien que les croyances aient évolué sans cesse. Le Talmud reflète le souci constant et essentiel des docteurs de la Loi des premiers siècles : fixer les normes d'un cadre de vie très structuré capable de pérenniser tout ce qui peut l'être du culte national juif tel qu'il était pratiqué à Jérusalem.

- T.F. du Talmud de Jérusalem : Maisonneuve et Larose, 6 vol., 1969.

- T.F. du Talmud de Babylone : en cours aux éd. Verdier (traités parus : Pessahim, Moed Qatan, Haguiga, Makkot). Colbo et Keren ha-Sefer : Sanhédrin, Chabbat, Yoma, Meguila. Recueil des Aggadoth du Talmud de Babylone : Verdier, 1982.




 

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