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MOÏSE BEN JACOB CORDOVERO 1522 - 1570


 


Par Charles Mopsik,

 D'origine espagnole, ce kabbaliste de renom vécut à Safed, en Haute Galilée, où il fut le disciple de R. Joseph Caro et de R. Salomon Alkabets. Il y fonda une école et eut plusieurs disciples qui prolongèrent son oeuvre, comme R. Abraham Galanté ou R. Elie da Vidas. Auteur d'une fécondité exceptionnelle, il rédigea un très volumineux commentaire du Zohar. Il est, avec R. Isaac Louria, une des figures centrales du renouveau du kabbalisme au XVIe siècle.

Le verger des grenades (Pardés Rimonim) 1548

 Tentative majeure de construire un système spéculatif complet de Kabbale à partir des oeuvres des kabbalistes espagnols d'avant l'Expulsion de 1492, cet ouvrage de synthèse vise à apporter des solutions définitives et quasi normatives aux questions philosophiques et théologiques posées par l'ensemble des courants de la pensée juive et surtout de ses courants mystiques et théosophiques. A certains égards, il s'agit de la première encyclopédie raisonnée et critique des thèmes et des débats intellectuels juifs antérieurs. Une caractéristique de la pensée de l'auteur est son penchant pour une conceptualité dialectique. Ainsi, si Dieu est toute la réalité, toute la réalité n'est pas Dieu ; l'effet ne vient pas seulement à la suite de la cause, mais il lui est aussi antérieur en tant qu'il est sa visée ; Dieu se révèle par ce qui le cache et se cache dans ce qui le révèle. Ce type de propositions abstraites et déroutantes au premier abord tentent de traduire avec bonheur des énoncés mythico-symboliques empruntés à la littérature zoharique ou directement forgés par l'auteur pour ses propres besoins. Enfin, signalons la très grande diversité des sources mystiques et théosophiques mentionnées et discutées, qui contribuent à faire de ce livre une véritable somme.

Le Palmier de Débora (Tomer Débora)

 Traité d'éthique qui expose les principes d'une conduite idéale à partir du modèle fourni par chacune des dix sefirot en lesquelles la divinité se manifeste au monde et à l'image desquelles les hommes doivent agir. L'humilité est considérée comme la plus haute vertu, car elle libère l'intelligence des contraintes de tous ordres qui font obstacle à la découverte de la vérité et elle est l'équivalent en l'homme de la première sefira, identifiée au Néant divin créateur. Le postulat philosophico-théologique qui sous-tend l'ensemble des développements, est l'existence d'une symétrie structurelle et systémique entre l'organisme divin formé par l'organisme des émanations (les dix sefirot et les canaux qui les relient) et l'organisme physico-psychologique de l'être humain.

* Sefer Guirouchin, Venise, 1553 ; Pardés Rimonim, Salonique, 1584 ; Or Néérav, Venise, 1587 ; Tomer Débora, Venise, 1588 et avec une trad. en français, à Paris, Verdier, 1985 ; Elima Rabbati, Brody, 1881 ; Chiour Qoma, Varsovie, 1883 ; Tefila lé-Moché, Przemysl, 1891 ; Derichot be-Inyané Maleakhim, dans Maleakhé 'Eliyon, Jérusalem, 1945 ; Or Yaqar, 30 vol., Jérusalem, 1963 et suiv.

* J. Ben Chlomo, Torat ha-Elohout chel Rabbi Moché Cordovéro, Jérusalem, Mossad Bialiq, 1965 ; K. Bland, "Neoplatonic and Gnostic themes in Rabbi Moses Cordovero", Bulletin of the Institute of Jewish Studies, 3, 1975 ; S. A. Horodezky, Torat ha-Qabbalah chel Rabbi Moché Cordovéro, Berlin, 1924 ; D. Kahana, "Moïse Cordovéro et Barouch Spinoza", dans Ha-Chiloah (en hébreu), vol. II, 1897 ; C. Mopsik, Introduction au Palmier de Débora, Lagrasse, Verdier, 1985 ; I. Tishby, "Portrait de R. Moché Cordovéro dans un écrit de R. Mordekhaï Dato", dans Studies in Kabbalah and its Branches, (en hébreu), vol. I, Jérusalem, Magnes Press, 1982.

I : Maïmonide, Aboulafia, Moïse de Léon, Joseph Gikatila, Joseph Caro, Isaac Louria, Hayim de Volozhyn - II : Judaïsme, Kabbale, Zohar.



 
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