Author, copyright : Charles Mopsik, le 02 05 2000 - 21:51mn.

La construction historique de l'objet d'histoire appelé cabale nécessite l'étude critique de l'historiographie de la mystique juive.

G. Scholem, Les origines de la Kabbale, Paris, Aubier-Montaigne, 1966.
G. Scholem, Les grands courants de la mystique juive, Paris, Payot, 1954.
Adolphe Franck, la Kabbale ou la philosophie religieuse des Hébreux, Paris, 1889.
Löwy, Michaël, "Messianisme, romantisme et utopie dans l’œuvre de Gershom Scholem", Millenarismi nella cultura contemporanea – Con un’appendice su yovel ebraico e giubileo cristano, Angeli, 2000, p. 69-84.
Entre "nation", "nationalisme" et "mythe national", il y a un jeu de renvois permanent chez les historiens modernes.
G. Scholem, "La mystique juive et la Kabbale", dans  Aux origines religieuses du judaïsme laïque, De la mystique aux lumières, Textes réunis et présentés par Maurice Kriegel, Essai-Judaïsme, Paris, Calmann-Lévy, 2000, p. 21-64.

Extraits 

Gershom Scholem ne fait pas une histoire de la cabale mais une histoire de la mystique juive.
L'histoire de la cabale commence pour lui à un certain moment de l'évolution de la mystique juive.
La mystique juive englobe l'histoire de la cabale mais elle ne s'y réduit pas. Pourtant Gershom Scholem continue à utiliser le terme de cabale comme synonyme de mystique juive.
Un enjeu se cache derrière ces appellations qui mériterait d'être élucidé.
Nous ne distinguerons pas l'histoire de la cabale de l'histoire de la mystique juive dans le souci de laisser ouvert les problématiques qui se posent plutôt que de les enfermer dans un lexique qui n'aurait pas d'autre utilité que de permettre une classification positiviste dont l'utilité serait peut-être moins grande que la nuisance.
L'historiographie de la cabale a été fondée au 19^ième siècle, essentiellement par l'école allemande qui a vu la cabale sous l'égide de ses préoccupations propres.
L'histoire de la cabale est très largement dépendante de l'historiographie et des orientations idéologiques mais plus précisément des réactions au contexte social que les historiens de la cabale ont investi dans leur création historique, dans leur construction de l'histoire.

IL N'Y A PAS D'HISTOIRE DE LA CABALE SANS L'HISTOIRE DE L'HISTORIOGRAPHIE DE LA CABALE.

Autrement dit, il n'y a pas d'histoire de la cabale mais une histoire de l'historiographie de la cabale.
Il n'y a pas d'histoire neutre.
Il n'y a pas de neutralité des historiens par rapport à l'histoire.